Pour beaucoup de fans, la trilogie Mass Effect est la période durant laquelle le studio BioWare était à son apogée, ou du moins, le studio était renommé suite à ses nombreux RPG occidentaux qui ont marqué leur époque. Héritiers spirituels du fantastique Star Wars Knight of the Old Republic, ces jeux sont aussi venus satisfaire le fantasme de tous ceux qui ont grandi en étant abreuvés de séries de type space opera, qui étaient dénuées du budget des films Star Wars et qui ont dû trouver des alternatives pour accrocher leur public. Quelques exemples notables sont Star Trek, Star Gate SG1, Babylon 5, ou encore Battlestar Galactica, dans lesquels les conflits sont presque toujours réglés en envoyant une escouade armée sur le terrain ou avec quelques bonnes répliques, plutôt qu'en envoyant une flotte de vaisseaux attaquer l'étoile de la mort (même si cela arrive parfois en fin de saison).
- Genre : Action-RPG, Tir à la troisième personne
- Date de sortie : 14 mai 2021
- Plateforme : PC, PS4, Xbox One
- Développeur : BioWare
- Éditeur : Electronic Arts
- Prix : 59,99€ (PC), 69,99€ (consoles) disponible sur Amazon
- Testé sur : PC
Je suis le commandant Shepard et ce jeu est mon préféré de la ludothèque
Commençons par un petit cours de rattrapage pour ceux qui ne connaissent pas déjà la licence. Même si nous n'allons pas entièrement retester et détailler le contenu de chacun des trois jeux, voici une petite présentation de leur gameplay dans les grandes lignes. Les combats composant le cœur du gameplay, de type tir à la troisième personne avec un usage vital du système de couvertures, similaire à la célèbre licence Gears of War, si cela vous aide à visualiser. Mais c'est surtout par leur côté jeu de rôle, avec l'univers, les personnages et les dialogues entièrement doublés, que les titres ont brillé. C'est d'ailleurs le premier Mass Effect qui a introduit la fameuse "roue de dialogue" devenue populaire et reprise dans de nombreux titres depuis comme The Witcher 3 ou Horizon Zero Dawn pour n'en citer que quelques-uns. Plutôt que de proposer des pavés de texte à la manière d'un vieux CRPG comme Baldur's Gate, le jeu propose de suivre l'intrigue via des dialogues efficaces et assez correctement joués, même en français.
L'intrigue nous fait incarner le commandant Shepard, un homme ou une femme au choix, dans un univers de science-fiction qui comprend de nombreuses races extra-terrestres ainsi que des voyages plus spatiaux et plus rapides que la lumière. Le commandant se retrouve plongé au milieu d'un complot puis d'un conflit spatial de grande ampleur, et le joueur a souvent le choix de résoudre les situations de manières radicalement différentes, en étant diplomate ou au contraire violent, ou en privilégiant une faction plutôt qu'une autre, ce qui aura parfois des répercussions plus ou moins importantes sur les titres qui suivent. La mort d'un personnage ou les romances développées en sont quelques exemples notables. Avec son histoire efficace, riche en action et en rebondissements, son univers fascinant, un gameplay efficace et une grande rejouabilité entre les classes et les choix, Mass Effect a marqué son époque. Sa réputation, un peu sulfureuse avec la possibilité de développer une relation romantique avec des personnages du même sexe, ou des aliens (voire les deux à la fois), n'a pas manqué de lui faire un peu de publicité et de contribuer à offrir un certain sentiment de liberté, dans un titre qui n'est pas considéré comme un open world.
Vaisseau générationnel
Bien que Mass Effect 2 et 3 n'aient pas trop mal vieilli, du moins en termes de gameplay et de jouabilité, on ne peut pas en dire autant du premier épisode avec ses fusillades brouillonnes, voire fantaisistes avec ses ennemis parfois quasi-immortels qui courent dans tous les sens et ses armes terriblement imprécises. Si on y ajoute les ascenseurs à rallonge qui servaient à camoufler des chargements, des portes qui mettent de longues secondes à s'ouvrir et les infâmes balades en tank Mako à la surface des planètes, cela avait parfois de quoi décourager. La bonne nouvelle est que ce remaster ne se contente pas d'améliorer graphiquement la trilogie, avec les habituels 4K, 60/120/240fps, ray tracing et autres, mais que le gameplay et l'expérience de jeu du premier titre ont été révisés et rééquilibrés afin de les rendre plus agréables, ainsi que plus en phase avec ce que proposent les deux jeux qui ont suivi.
Graphiquement, le résultat est généralement convaincant pour un titre de près de 15 ans. Cela ne peut pas prétendre concurrencer les gros titres actuels, mais c'est assez propre. Il y a bien quelques exceptions comme la coiffure de Kaidan qui ressemble un peu trop à un bloc collé à son crâne, ou encore les oreilles des personnages qui ne s'accordent pas toujours bien au visage et qui sont un peu trop anguleuses. L'intégration des modèles lors de certaines cutscenes et dialogues ne semble pas non plus très naturelle, la gestion de la lumière, des ombres et du contraste s'avérant parfois un peu problématiques, surtout dans le premier jeu. Les environnements sont aussi assez pauvres et vides, mais la faute incombe au titre d'origine, c'est un remaster et pas un remake, contrairement à Demon's Souls. Tout cela va aussi en s'arrangeant un peu dans Mass Effect 2 et 3.
Mass defect
Comme mentionné plus haut, Mass Effect 1 a eu droit à pas mal de retouches et de rééquilibrages qui s'avèrent bien trop rares dans les remaster de nos jours. Les fusillades ne sont pas devenues excellentes pour autant, et on est bien loin de l'aspect viscéral ou de l'intensité d'un Gears of War moderne par exemple, mais au moins, on n'a jamais envie de s’arracher les cheveux parce qu'un ennemi est immortel. L'interface a aussi eu droit à quelques retouches, et même si toutes les commandes ne sont pas très intuitives dans le premier titre, il n'y a rien d'insurmontable.
L'inventaire a vu sa taille nettement étendue, les niveaux ont été un peu dégraissés, et d'autres petites améliorations de confort de vie ont été apportées. Dommage que certaines des pires transitions en ascenseur du jeu ont été un peu accélérées, avec la possibilité de passer les fameux dialogues qui les accompagnaient, mais le résultat est loin d'être parfait. La baie de chargement du Normandy SR1 était particulièrement pénible dans ce domaine, il est étonnant qu'il ait été oublié alors que c'est de loin celui le plus utilisé du jeu. Certaines portes de la Citadelle sont aussi un peu lentes à s'ouvrir, ce qui, combiné à la capacité pulmonaire de Shepard, probablement lui aussi affecté par le Covid et qui l'empêche donc de courir plus de 10 mètres d'affilée, donne la désagréable impression de se traîner en permanence durant les premières heures de jeu (ou de revisiter le bastion d'Anthem ironiquement). L'absence de véritable séparation entre les zones d'exploration pacifique et les zones de combat est certainement à blâmer pour la chose.
Mako transaction
Le Mako est un véritable traumatisme pour tous les vieux joueurs du premier épisode de la trilogie. Ce tank léger est utilisé à la surface des différentes planètes afin de se déplacer d'un objectif à l'autre, d'explorer, de trouver des ressources et d'affronter des ennemis théoriquement trop costauds pour de vulgaires fantassins. Il avait néanmoins l'énorme défaut d'être poussif et d'être quasiment incapable de grimper la moindre côte digne de ce nom. Sans être devenu le véhicule le plus agréable à piloter de tous les temps, il s'avère plus maniable et puissant qu'auparavant, grâce à ses propulseurs arrière en particulier. Du moment que vous ne souhaitez pas grimper une immense falaise en une fois, vous devriez atteindre les sommets sans mourir de vieillesse auparavant. Son seul défaut est qu'il suit automatiquement l'orientation du viseur, ce qui n'est pas très pratique ni intuitif quand vous faites pivoter la tourelle pour blaster les ennemis tout en essayant d'esquiver leurs attaques.
Une trilogie presque complète
Mass Effect Édition Légendaire a le bon goût de regrouper les 3 jeux ainsi que leur nombre ridiculement élevé de DLC (40+) en un seul pack, ce qui permet d'importer facilement ses sauvegardes d'un jeu à l'autre pour poursuivre l'aventure d'un titre à l'autre, tout en conservant l'apparence de son personnage et ses choix passés. Cela se paye néanmoins en termes de poids, avec un poids total qui dépasse les 100go (soit une mise à jour de Call of Duty). Les nombreux DLC d'équipement et les bonus de précommande qui offraient gratuitement de l'équipement surpuissant au début de l'aventure on été révisé afin d'être intégrés plus naturellement à l'aventure, il faudra à présent les trouver ou les acheter, ce qui est une bonne chose, puisque cela évite de se gâcher l'expérience de jeu. Il convient néanmoins de souligner deux points potentiellement importants si vous êtes un puriste ou un complétioniste.
Le DLC Pinacle Station de Mass Effect 1 est absent, ses fichiers étant corrompus et irrécupérables, il était déjà absent de certaines des versions précédentes du jeu pour ces raisons. Il se concentrait sur des mission de combat dans un simulateur, il n'apportait donc pas grand-chose en termes d'histoire, et comme le gameplay du premier jeu ne brille pas vraiment, ce n'est pas une grande perte. Ce qui est plus surprenant est l'absence du mode multijoueur coopératif de Mass Effect 3. Bien qu'il ne dispose pas d'une quantité formidable de contenu et qu'il avait introduit la pratique douteuse des lootboxes payantes, il s'avérait tout de même amusant un petit moment pour ceux qui apprécient le gameplay du jeu. C'est plutôt dommage, et les raisons derrière cette absence n'ont pas été évoquées à l'heure où nous écrivons ces lignes. Cela vient ternir un peu ce remaster, mais ce n'est pas important si vous n'aviez strictement aucune intention de toucher au multijoueur, d'autant que cela n'a pas une grande influence sur le mode solo.
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