Dans l’esport, le concept de Gaming House est très répandu. Le modèle a cependant bien évolué avec le temps. Si à l’époque, les joueurs professionnels s’entraînaient, dormaient et vivaient au même endroit, les Gaming Houses s’apparentent plus aujourd’hui à des locaux. Le monde du jeu vidéo casse par nature encore beaucoup les codes et on reste très éloigné des bureaux traditionnels. Ces espaces sont pensés par des gamers et pour les gamers. Le cahier des charges n’est pas le même et c’est loin d’être une tare. Le monde du gaming n’a pas à avoir honte de ses spécificités en 2024 et il a même des caractéristiques à faire valoriser.
C’est dans cet esprit qu’a été lancée la Gaming House de l’Insertion d’Aix. Une expérimentation portée par la mission locale du Paix d’Aix et son directeur Mathias Davy. A 40 ans, il a un long passif derrière lui étant donné qu'il joue aux jeux vidéo depuis son enfance. Persuadé du potentiel de cette sphère, il se bat depuis un an et demi pour aider à l'insertion des jeunes dans le monde de l'emploi, en s'appuyant sur sa Gaming House pas comme les autres. Pour les curieux, cette GH se trouve dans le quartier d'Encagnane.
Amener les jeunes vers l'emploi via le jeu vidéo et l'esport
La Gaming House de l'Insertion est une expérimentation. Le projet initial a été prévu sur 3 ans, mais les participants espèrent bien évidemment qu'il perdurera sur la durée avec son message fort et ses méthodes qui bouleversent l'ordre établi. Comme tous les projets soutenus par la Mission Locale d'Aix, le but principal est clair : accompagner les jeunes (16-25 ans) vers l'emploi. Mais la GHINS a pris une approche bien spécifique : mettre le jeu vidéo et l'esport au centre des discussions. Le pari peut sembler osé, notamment parce que le jeu vidéo n'a pas toujours bonne presse. Mais il y a un vrai potentiel et ce ne sont pas les lecteurs de MGG qui diront le contraire...
La Gaming House de l'Insertion a créé une sorte de cursus qui fonctionne avec un Contrat d'Engagement Jeune (CEJ) reconnu par l'Etat. Par "promotion" de 6, les jeunes vont donc intégrer la Gaming House sur 2 semaines intensives, soit les 15 premiers jours de leur contrat. Durant ces deux semaines, ils vont suivre différents ateliers pour se former, découvrir l'univers du gaming mais aussi prendre conscience de leurs propres compétences. Le jeu vidéo est évidemment omniprésent pendant ce parcours et il permet de révéler certains potentiels. La Gaming House de l'Insertion est un processus qui vit et évolue. Les ateliers peuvent donc varier avec le temps, même s'il y a quand même des incontournables. Mathias Davy cherche notamment à ajouter des cordes à son arc pour inclure de nouveaux acteurs comme des joueurs professionnels, ou d'autres organismes, comme des écoles, au sein de l'équation. A titre d'exemple, on peut citer les ateliers suivant :
- Atelier Skilleo : à partir de sessions de jeu sur Trackmania et Overcook la start-up Skilleo détermine le profil des jeunes pour mettre en valeur leurs compétences et qualités.
- Atelier MasterCV : création d'un MasterCV personnalisé (format vidéo) tout en découvrant des métiers du numérique (image, son, écriture, mise en scène...).
- Atelier Izi Dream : masterclass venant de la structure Izi Dream pour découvrir le monde de l'esport.
- Atelier Streaming : avec le streamer Omegazell (Julien GUELLERIN)
- Atelier numérique et vidéo : The makerz spécialiste en street art et vidéo et Étienne Constantinesco réalisateur professionnel. Un cross qui permet de créer un CV vidéo et découvrir les métiers et formations du secteur audiovisuel.
- Atelier Minecraft : le dernier atelier en date qui vient d'être intégré au parcours de la GHINS.
Pour la petite histoire, l'aigle d'Izi Dream se retrouve dans le logo de la Gaming House de l'Insertion... au niveau des oreilles du lion, parce qu'il veut avoir bien en tête les conseils de la structure esport aixoise.
Des résultats chiffrés et positifs
L'année écoulée, la GHINS a accueilli près de 150 jeunes dans le cadre d'un CEJ. La majorité des jeunes sont niveau infrabac (46%) ou bac (43 %). Au niveau des résultats, 67 jeunes (soit 55 %) ont connu des sorties positives.
Autre indicateur assez parlant, le fait que d'autres Gaming Houses de l'Insertions verront bientôt le jour. L'expérimentation a convaincu et d'autres initiatives similaires se lancent un peu partout : Carcassonne, Perpignan, Montpellier, Villeneuve sur Lot...
De plus, la GHINS a diversifié ses activités en lançant un projet d'Académie avec Corentin FERRIERE, coach professionnel et ancien membre de PCS. Le but est de toucher d'autres publics en ouvrant le local sur des plages horaires larges : soirée et weekend. Cela permet notamment d'accueillir les mineurs pour qu'ils puissent bénéficier des ressources à disposition et des évènements organisés, comme des tournois familiaux. Les mineurs ne sont pas les seuls à venir et des "anciens du parcours" gardent aussi un lien fort avec la Gaming House. Beaucoup restent en contact et participent aussi à la vie de l'Académie qui travaille notamment le lien social du gaming et l'organisation de sessions teammates pour trouver des partenaires de jeu. La GHINS va également avoir ses équipes amateures, pour le moment Rocket League et Call of Duty sont au programme.
On ne peut que saluer une initiative comme la GHINS, en espérant que le projet perdure dans le temps et continue à se développer.