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Esport - Rainbow Six : Entretien avec BriD, joueur pour BDS

Esport - Rainbow Six : Entretien avec BriD, joueur pour BDS
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Qui peut venir s’assoir à ta table et te dire qu’il est un meilleur support que toi ? Lui. Et le pire, c’est que tu ne pourrais rien y faire. Rien. Rencontre, sous fond d'éclats de rire, avec un monstre de talent et de détermination.

Esport - Rainbow Six : Entretien avec BriD, joueur pour BDS

Qu’est-ce que faisait Loïc Chongthep avant de devenir un esportif épanoui ?

J’ai obtenu un Bac ES. Suite à ça, j’ai fait trois mois à la FAC, en économie-gestion. Ensuite, j’ai pris une année sabbatique, durant laquelle j’ai travaillé un peu à droite à gauche, en intérim. Après j’ai essayé de reprendre les études en me lançant dans un DUT Technique de Commercialisation. J’ai fait une année, mais dans le même temps j’ai eu l’occasion de me lancer à plein temps sur Rainbow Six Siege et j’ai donc simplement saisi cette opportunité.

Tu as grandi en banlieue parisienne. Plutôt vie de quartier, ou celle des pavillons ?

Plus une vie de pavillon. Mais j’ai côtoyé beaucoup d’amis venus de cités. Donc je connais un peu les deux mondes, je suis dans l’entre-deux.

Côtoyer cet univers de quartier, ça t’a appris des choses ?

Bah… oui, en vrai. Je n’ai pas grandi avec la vision d’un enfant riche. Je ne suis pas né avec une cuillère d’argent dans la bouche. Du coup, tout ce que j’ai eu, ça l’a été avec le mérite. Ce ne sont pas des choses qui m’ont été léguées, je me suis battu pour les obtenir. Et je pense qu’aujourd’hui ça me réussit bien. (Rires)

Ton pseudo, c’est BriD. Quelles sont tes origines, en dehors de la France ?

Je suis Laotien, Thaïlandais et en partie Chinois…

Tu es déjà parti dans ces pays ?

Je suis déjà allé au Laos, aux alentours de mes huit ans. Je n’ai donc pas trop de souvenirs de là-bas. Par contre la Thaïlande j’y suis allé plus de fois, en étant plus grand, et c’était vraiment pas mal. J’aime bien. Et la Chine ? Je n’y suis jamais allé.

La Thaïlande est un pays où la pratique de l’esport est de plus en plus exploitée. Ta famille là-bas connaît ton domaine de travail ? Et ils savent que tu deviens de plus en plus célèbre ?

La famille du côté de mon père qui est en Thaïlande, je ne pense pas qu’ils sont au courant. Du moins, je n’ai pas eu d’écho à ce propos. Mais je ne pense pas, parce qu’ils ont d’autres choses à faire. (Rires) Et puis je ne suis pas aussi proche d’eux que mes cousins, oncles et tantes, qui habitent en France, et qui eux savent ce que je fais.

Tu as fait tes premiers pas chez Lucky7, que ce soit sur console au Six Invitational premier du nom, ou par la suite sur PC, aux côtés de gars comme aPPROX, Zill ou Skybuu. Qu’a-t-il manqué à chacun d’eux pour aller aussi loin que toi ?

Pour aPPROX et Zill, je pense qu’ils avaient du talent, mais que Zill était limité dans son talent, et aPPROX plutôt dans son envie. Lui, c’était quelqu’un qui voulait juste jouer pour jouer, sans plus. Il n’avait pas forcément envie de faire une carrière sur le jeu. Parce qu’en dehors de ça il a le Basket, et il s’y plait bien. Je crois qu’il est en national, avec un contrat. Après, ce sont ses raisons, donc je ne peux pas juger. Et pour Zill, je pense qu’il était à son maximum et qu’il ne pouvait pas faire plus. Surtout que derrière il avait sa vie de famille et tout, donc c’était un peu plus compliqué. Et puis Skybuu je pense que lui il est monté un peu trop vite ! (Rires) C’est à dire qu’il a fait un très bon Six Invitational sur console, mais je pense que ça a dû lui monter au crâne et le fait qu’il s’est vu à un niveau qu’il n’avait pas ça a du lui brûler les ailes dans son évolution. Du coup, il s’est reposé sur ses lauriers en se disant : « ouais vasi c’est bon je suis fort, du coup je ne vais pas essayer de progresser plus ». Et après il s’est perdu, il est parti dans le streaming. (Rires)

Tu as un message à lui adresser ?

En vrai, ça fait longtemps qu’on n’a pas joué ensemble, et il me manque un peu quand même. Avec sa grosse tête là. (Rires)

Sur une touche un peu plus sérieuse, le 17 octobre 2017, tu es convié à rejoindre Supremacy. C’est alors le premier gros transfert de ta carrière. Comment se sont déroulés les premiers contacts avant de signer ? Comment ça s’est fait ?

Je me souviens juste du jour où on est venu me parler. J’étais en cours à cette époque, et d’un coup je reçois un message privé sur Twitter, de Biboo, qui me dit « Loïc, est-ce que t’es dispo ce soir pour parler ? » Et du coup derrière je lui ai demandé pourquoi. Même si je savais très bien pourquoi. Et après ils m’ont dit qu’ils voulaient me tester, et puis ça s’est concrétisé, tout simplement. Je savais que c’était un bon groupe et que c’était une occasion à ne pas louper.

© Webedia - Rainbow Six Siege
© Webedia

Premier Six Invitational avec les Supremacy, dans une arène plutôt sexy pour l’époque. À ce moment, tu pensais que le jeu allait devenir aussi important ?

Je le voyais déjà bien grandir. Peut-être pas aussi vite, mais ça a été une des premières choses à laquelle j’ai réfléchi en arrivant chez Supremacy. Je savais qu’on devrait par exemple commencer à avoir des horaires à plein temps avec l’équipe, et c’est pour ça que par la suite j’ai arrêté les études et le sport.

Le sport ?

Du Volleyball. À moyen niveau on va dire. (Rires) Le maximum où je suis allé c’est la Prénationale…

C’est vrai qu’on est loin des hautes sphères de la compétition sur Rainbow Six. Après deux ans chez Vitality, tu t’es d’ailleurs finalement envolé de la ruche. Si tu devais conserver à jamais un moment, ce serait lequel ?

Le Six Major de Paris, je pense. C’était un truc de ouf ! Quand on est Vitality, sur le sol français, que t’arrives au stade des quarts de finale sur scène… C’est un truc de fou : tu voyais tout le public scander le nom de Vitality, t’étais là, en mode ébahi. Et ce que disait Zephir dans son reportage était trop vrai. On n’allait pas faire ça beaucoup de fois dans notre vie. Et il avait bien raison, fallait profiter, parce que ça fait bien longtemps que c’est plus arrivé. (Il éclate de rire)

Ça reste un important chapitre de ta carrière et de ta vie. Pourquoi es-tu parti ?

J’avais besoin d’un renouveau en fait. Dans le sens où on avait beau apporter des nouveaux joueurs dans l’équipe, le fait de rester sous les mêmes couleurs, inconsciemment, ça ne me faisait pas changer de sphère de travail. J’avais besoin de partager de nouvelles valeurs, de défendre un nouveau maillot, et je pense que c’est surtout ça qui m’a fait changer.

Pourtant tu t’en vas pile au moment où un nouveau projet synonyme de renouveau se met en place, avec les arrivées de Fabian et risze…

Le projet était très beau. Mais je me suis demandé si j’allais vraiment m’y plaire… (Il coupe) Et derrière je me suis dit : change. Change, et ça ne te fera que du bien. Donc j’ai changé. C’était bien autant pour moi que pour eux, parce que j’avais peur de rester et de les freiner par manque de motivation, ce qui aurait pu les ralentir.

Est-ce le passage à l’international de Vitality a contribué à prendre ta décision de rejoindre BDS qui est totalement francophone ?

Pas forcément. C’était quelque chose que j’avais toujours voulu expérimenter. Évoluer dans une équipe européenne, internationale, ça permet de découvrir des façons de travailler que tu n’auras pas avec un line up 100% français. Tu as des mentalités différentes aussi, en fonction des cultures. Donc tu expérimentes, tu apprends et tu prends de l’expérience.

Parlons un peu de ta relation avec Biboo, avec qui on a eu l’opportunité d’échanger il y a très peu de temps. Comment la décrirais-tu de ton côté ?

C’est un très bon ami. Même s’il y a cette histoire de Ranked… (Il coupe et reprend rapidement) En fait, Bastien ça a toujours été quelqu’un qui voulait jouer en Ranked avec moi, et j’ai toujours dit non. (Rires) Ce n’était pas contre lui, c’est que j’avais peur de faire une overdose du jeu. Et le fait de travailler avec lui en practice et de par la suite faire des Rankeds, quand je faisais des Rankeds c’est comme si on se retrouvait en practice. Alors que j’avais besoin à un moment de couper l’après-practice et d’avoir une vie en dehors. C’est pour ça que je ne jouais quasiment jamais en Ranked. Et c’est pour ça qu’il se plaignait. (Rires) Au delà de ça, c’est un très bon gars qui m’a appris beaucoup de choses. Je lui ai toujours dit que si j’en suis à ce niveau-là aujourd’hui, c’est grâce à lui. Et grâce aux trois autres aussi : Zephir, Spark et Rafale. C’est grâce à eux que j’en suis là et je les remercie énormément.

La structure BDS a l’air de — d’un point de vue externe en tout cas — placer ses joueurs dans les meilleures conditions, surtout financières. Est-ce le cas ?

Oui… (Rires) Franchement, on est très bien, je ne vais pas te mentir…

Tu n’as pas eu peur que ton transfert soit vu comme de l’opportunisme par rapport au salaire ? D’ailleurs, tu gagnes plus, moins, ou quelque chose d’équivalent, chez BDS ?

Je gagne plus. Ça a aussi été un critère, même si ça n’a pas forcément été le premier. Parce que si je voulais vraiment faire du salaire une priorité, j’aurais rejoint une autre équipe d’European League qui m’a fait également une offre plus ou moins à ce moment-là. Le salaire était énorme, mais le projet sur un plan esportif ne me plaisait pas.

© DreamHack - Rainbow Six Siege
© DreamHack

Chez BDS vous avez la spécificité d’évoluer sans coaching. Comment vous organisez-vous ? D’un point de vue extérieur, on dirait la bande des enfants perdus dans Peter Pan, qui arrivent à s’autogérer…

Comme tu le dis, on s’autogère. Après, il y a des grosses têtes dans l’équipe. Notamment Elemzje et Rafale, qui ont beaucoup d’idées, et qui font d’ailleurs le plus gros des strats. Après, t’as moi qui écoute leur opinion et qui essaye d’apporter les contours, et ensuite t’as Shaiiko et Renshiro qui proposent aussi leurs idées. On n’est pas une équipe où il y a un dictateur. On essaye de trouver un compromis à toutes nos idées.

J’avais déjà discuté par le passé (durant le Six Invitational 2020, ndlr) de ce système organisationnel avec Rafale. Il m’avait confié que c’est plus un manque de profils de coachs intéressants qu’une volonté de ne pas en avoir un…

Ouais, il n’a pas tort. Tu as des coachs qui sont dans des équipes et on ne peut pas les prendre. (Rires) C’est très compliqué d’en trouver chez les LFT, et en prendre un juste pour en prendre un ça ne nous intéresse pas. On préfère continuer de fonctionner comme on le fait.

Pour pallier ce rôle, Elemzje a l’air d’être une pièce fondamentale sur votre échiquier non ?

C’est lui qui lead l’équipe. Quand ça ne va pas, c’est lui qui dit « prenez une respiration, on se pose, tranquille. Voilà ce qui ne va pas, on trouve une solution. » Et juste après, il va te faire rire quand tu joues, parce que si tu n’es pas capable de rire pendant que tu joues, c’est que tu ne prends pas de plaisir. Le fait qu’il nous fasse rire, ça permet de détendre l’atmosphère et qu’on soit moins sous pression. Finalement, il a un rôle un peu de « papa ».

Tu penses qu’il ferait un bon coach plus tard ?

Je pense que oui. Après est-ce qu’il aura la volonté de le faire ? Je ne sais pas, mais si jamais il le fait, ça risque d’être un excellent coach.

Comment expliquer vos résultats ? Que ce soit en Europe ou en France, vous écrasez toute la concurrence. On dirait que ça devient limite trop facile pour vous…

Je ne dirais pas trop facile. Il y en a qui sont compliqués. Par exemple contre Team secret, parce qu’on se met des bâtons dans les roues, et puis les gens commencent à savoir comment on jour, donc ça devient un peu plus difficile. Mais si c’était trop facile on mettrait tout le temps des 7-1 ou des 7-2, là ce n’est pas le cas. Après, comment expliquer cela ? Je pense qu’on a des très bons joueurs individuellement parlant, et une très bonne synergie de groupe. On est comme des frères dans l’équipe, on rigole bien. On a une alchimie avec chaque joueur, c’est ce qui fait la force du collectif.

Tu vois quelque chose capable de briser ça ? Une routine monotone, des conflits internes, une perte de motivation si vous gagnez tout, pour ne citer que ça ?

Non ! Si on gagne tout, on sera toujours dans une optique de vouloir tout regagner. Nous ce qu’on veut c’est marquer l’histoire de Rainbow Six. On veut faire mieux que Penta et G2 à l’époque. On en est loin, ça c’est sûr, mais ce n’est pas impossible.

Vous ne voulez pas simplement soulever le marteau en fait. Vous voulez le gagner, encore et encore, et limite faire des squats avec si je comprends bien…

C’est ça ! (Il éclate de rire pendant la question) Notre principal objectif c’est de tout gagner et marquer l’histoire.

Est-ce qu’il y a une méthode d’entraînement collective ou individuelle particulière derrière votre insolente réussite ?

Je pense qu’on fait comme tout le monde. On a deux pracs par jour, et un jour OFF dans la semaine. En dehors, chacun fait ce qu’il veut. Il y en a qui font de la FPL, d’autres de la Chasse aux Terro, d’autres qui vont Ranked, et d’autres qui ne font rien et sortent. Par exemple dans mon cas je sais que si je joue trop au jeu ça va être contre-productif. Donc une fois qu’on a fini les pracs, je préfère arrêter et aller voir des amis, pour être prêt le lendemain.

Peut-on parler de meilleure équipe française de tous les temps ?

Je ne sais pas. (Rires) Ça dépend de comment tu qualifie ça. Si pour toi être la meilleure équipe francophone c’est avoir gagné un titre majeur, alors oui on l’est grâce à notre victoire au Six Major d’août. Mais c’est aux gens de se faire leur propre avis, leur propre point de vue. On est une très bonne équipe, mais de là à se qualifier de meilleure de tous les temps… (Il prend le temps de formuler) Pour le moment, c’est trop tôt pour le dire.

© Team BDS - Rainbow Six Siege
© Team BDS

Qu’est-ce que ça fait de jouer avec Shaiiko ? Il s’expose très peu publiquement en dehors des streams, mais comment est-il dans un groupe, au quotidien ?

C’est quelqu’un de très sympa et très rigolo. Moi je l’aime bien dans sa façon d’être. Il ne se prend pas la tête. Et après, quand tu joues avec lui, c’est forcément impressionnant. Des fois, quand je me suis fait éliminer, je vais sur sa vue de temps en temps – attention, il ne faut pas aller sur la vue de ses amis, les caméras faut les regarder les gens ! (Rires) – mais franchement c’est impressionnant. Je me dis « wow ! »

Pour toi, c’est le meilleur joueur de Rainbow Six Siege ?

C’est le meilleur joueur que peut avoir R6:S actuellement… Au niveau de l’AIM et sa prise de décision, dans le domaine de l’entry, c’est très impressionnant.

Doucement, mais sûrement, la France commence sérieusement à espérer un titre de votre part au Six Invitational. Ça ne met pas trop de pression sur tes épaules ?

En vrai ? Non. Quand on aborde les matchs, je m’en fous de ce que pensent les gens. Je veux juste qu’on joue notre jeu, et on voit ce qu’il se passe. Tout simplement. Je n’ai pas de pression supplémentaire de la part de qui que ce soit.

Tu penses qu’avec toi à leurs côtés, les BDS auraient pu remporter le Six Invitational en février dernier ?

Ça c’est ce qu’ils disent les quatre autres là ! (Il rigole en parlant de ses coéquipiers) Après, je ne sais pas. Peut-être que j’aurais fait une sale performance, derrière ils auraient joué à quatre. Si ça se trouve, on ne serait même pas allé jusqu’où ils sont allés.

Qu’est-ce que ça fait d’entendre tout le monde parler de toi comme un potentiel futur joueur de l’équipe de France de Rainbow Six ?

D’un côté, ça fait plaisir. Mais d’un autre ça me rend un peu triste parce qu’il y a des joueurs dans mon équipe qui méritent aussi cette place-là. Ça fait toujours plaisir de représenter son pays. C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire quand je faisais du sport. Malheureusement, je n’avais ni la taille ni le niveau. (Rires) Mais maintenant que je peux le faire sur un autre domaine, je le ferais.

Quels sont les secrets de l’un des meilleurs supports du monde ?

Si seulement il y avait une recette, je te l’aurais bien donnée ! (Rires) Mais franchement, il faut bien comprendre son rôle déjà. Par exemple, lors du premier stage, j’ai fait beaucoup de kills et les gens pensent que je roulais sur tout le monde, que j’étais en mode opening ou quoi. Alors qu’en vrai, si j’ai pu faire autant de kills, c’est parce que mes potes faisaient bouger les ennemis jusque dans mon viseur. Il n’y a pas vraiment de secret, il faut de la bonne communication, savoir aussi diriger ses collègues pour éliminer un adversaire avec des infos au droning.

Ton remplaçant en matière de poste chez Vitality, à savoir Goga, a une implication très différente de la tienne lors des plantes de diffuseur. Lui va beaucoup plus aborder cela avec beaucoup de directives quand toi tu es un peu plus à l’écoute des ordres. Est-ce volontaire ?

Il y a eu une période chez Vitality durant laquelle on m’a fait remarquer que je ne développais pas assez cet aspect de shotcalling. Du coup, je l’ai travaillé, pendant environ un mois et demi. Mais c’est vrai que là je retombe dans mes travers, j’attends qu’on me dise où aller planter. Et ce n’est pas forcément bon, parce que ce n’est pas à mes collègues de faire ça.

Donc BriD n’est pas un joueur parfait, si je comprends bien…

Exactement. (Rires) Des fois, tu es tellement à fond dans ta bulle, que tu vas oublier de donner des directions aux autres. Mais ce qui est bien, dans mon équipe, c’est qu’il y a Rafale qui le fait très bien, il prend le relais et comble bien ça.

Il y a un domaine dans lequel tu excelles en revanche : le clutching. Quels sont les conseils de l’expert en la matière ?

(Il commence en rigolant) Il faut prendre ses duels. J’ai toujours dit qu’il faut forcer l’adversaire à commettre les erreurs. Le plus possible, isoler ses gunfights, au lieu d’essayer de prendre deux kills d’un coup. Il faut bien analyser la situation, voir où ils sont et si tu peux te débloquer un un contre un facilement.

© Webedia - Rainbow Six Siege
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Tu es bien placé en tant que joueur BP pour en parler : on est d’accord que tu vas lâcher le Smoke pour le nouveau Tachanka hyper pété ?

Peut-être, on ne sait pas. (Rires) C’est vrai que le personnage est un peu trop fort. Il a dix grenades incendiaires, une arme sans recul, il peut se relever une fois qu’il est au sol… Tu prends une map comme Kafe, il faut entre 30 et 40 secondes pour monter sur le toit. Et encore, parce que tu dois faire attention aux spawnkills. Donc on va dire que tu perds une minute. Tu dois ensuite droner, prendre le cigare, tu perds encore 20 secondes, il te reste une minute et quarante secondes. Le temps que t’ouvres les murs, que tu deny les gadgets, c’est bon : à une minute restante, le mec il peut balancer ses grenades là où tu vas rentrer ou planter, et le round il est fini. Ça ne sert à rien. (Rires) Tu combines ça avec un Smoke, c’est n’importe quoi. Je suis pas très fan, mais je pense qu’il sera nerf, vu le mécontentement de la communauté.

Tu es plutôt en phase ou pas du tout avec la direction prise par l’éditeur quant à l’ajout permanent de gadgets de défenseurs qui visent à favoriser la stratégie et le deny, plutôt que le côté duels / FPS ?

C’est bien d’avoir les deux. Même si prendre des duels et mettre des têtes c’est toujours cool. Les spectateurs, c’est ce qu’ils demandent. Ils demandent de l’action, et pas de voir des gens qui sont là à deny plein de choses et plus vraiment de gunfights. Ce qui va vraiment attirer le public, ce sont les choses impressionnantes, comme un double ou triple kill. Du coup là c’est un peu compliqué, on essaye de leur dire et on verra bien s’ils écoutent.

Pour toi, combien de temps va encore durer l’esport ?

Aucune idée. Au minimum, je dirais au moins 10 ou 15 ans…

Peut-être plus avec un clavier et une souris, voire une manette, du coup…

Je pense que la VR peut prendre une place majeure. Après, il y a beaucoup de jeux qui risquent de rester sur des bases de clavier et souris. Mais la VR c’est sûr qu’elle va émerger.

Tu te verrais en VR en compétition sur Rainbow Six Siege, en train de courir sur une map virtualisée autour de toi ?

(Il éclate de rire) Non, non, non. Je préfère rester avec mon vieux clavier et ma vieille souris.

Et si tout cela devait prendre fin, vers quel métier tu te réorienterais ?

C’est une question qu’on m’a déjà posée, en privé. Et je n’ai pas forcément pris le temps d’y réfléchir, parce que je n’ai pas envie d’y réfléchir pour le moment. Quand je serai sur une période de déclin, il faudra que j’y songe. Mais je pense qu’il y a moyen que je reprenne le travail. Je n’ai pas vraiment d’autres passions, donc je retournerais travailler comme tout le monde.

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