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LoL Open Tour : Interview de Damien Ricci, Head of Esports à Riot France

LoL Open Tour : Interview de Damien Ricci, Head of Esports à Riot France
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À l'occasion de la finale du LoL Open Tour 2018, Damien Ricci, Head of Esports à Riot France a accepté de répondre à nos questions. Il y évoque entre autres une année d'Open Tour, le futur format de la compétition et l'avènement de la LFL d'ici 2019.

LoL Open Tour : Interview de Damien Ricci, Head of Esports à Riot France

À l'origine, pourquoi Riot Games décide de créer le LoL Open Tour ? L'objectif est de répondre à quels besoins ?

À la base, on a créé le LoL Open Tour pour aider au développement de la scène esportive Française. Ce qu'il faut se rappeler, c'est qu'à la fin de l'année dernière on avait à peu près cinq équipes structurées. À la fin de cette année, on en a quinze. L'objectif c'était vraiment de proposer un format avec de la régularité qui permettait à tous le monde, ou au moins à tous les joueurs compétitifs, de pouvoir se mettre en équipe et d'être visibles sur la scène Française. Avant, on avait le Challenge France, en début et en fin d'année. Maintenant on a des rendez-vous toutes les deux, trois semaines entre les tournois en ligne et les événements physiques. L'objectif était d'aider à la structuration de la scène Française en apportant plus de régularité et plus de visibilité aux équipes qui participaient à la compétition.

Le LoL Open Tour a donc répondu à toutes les lacunes du Challenge France ?

Le Challenge France c'était six équipes, les meilleures. Elles se rencontraient deux fois par an pendant quatre semaines et au milieu de l'année il n'y avait rien. Donc si vous étiez une équipe professionnelle, vous aviez un roster pendant douze mois et une compétition en février et en novembre. Et entre les deux, des LANs. Donc l'Open Tour a permis justement d'apporter plus de régularité : un événement tous les quinze jours avec un break en juillet/août. Maintenant, ça c'était le point positif, l'inconvénient c'est que l'Open Tour mélangeait des typologies d'équipe différentes avec des amateurs, des streamers, des semis-pros et des pros. Tous ont des besoins totalement différents. Alors c'est génial dans la mesure où cela permet de rassembler toute la scène esport LoL sur un événement spécifique mais, aujourd'hui, des équipes professionnelles vous diront que ce n'était pas suffisant et qu'elles avaient envie d'avoir plus. Et nous aussi. On se dit que si on veut pousser encore au développement de la scène esportive, il faut que l'on apporte encore plus de régularité, d'où l'évolution et le lancement d'un nouveau format compétitif à partir du début de l'année prochaine.

Concernant le bilan du LoL Open Tour cette année, est-ce que les objectifs en terme de compétition, de production ou d'audience sont atteints pour vous ?

De manière générale, le bilan qu'on tire de l'Open Tour est positif. Au niveau compétitif, on a une cinquantaine d'équipes, voire beaucoup plus, qui ont marqué des points sur les différentes étapes. Donc ça veut dire qu'il y a quand même de nombreuses équipes qui se sont formées et qui ont pris la peine de participer à toutes les étapes pour marquer des points. On a eu de très belles surprises sur le plan sportif. Après, ce qui est vrai, c'est qu'on est tributaires des événements sur lesquels on va. Cette année, on a pas été gâtés puisqu'il y a eu pas mal d'événements qui ont eu des problèmes techniques. Alors on va dire que tant que ça reste un format « fun », ce n'est pas grave parce que les gens viennent pour une LAN, la compétition est suspendue donc on peut discuter entre potes, c'est cool. À partir du moment où ça qualifie pour nos compétitions européennes, on va dire que l'intégrité compétitive n'est plus là et c'est à ce moment l) que ça commence à poser problème. Les équipes pros se disaient : ‹‹ Quand on a six heures d'attente, c'est pas le meilleur qui gagne mais celui qui a le mieux encaissé le retard. ››. C'est pour ça qu'aujourd'hui on se dit qu'il faut faire évoluer le format pour ces équipes là.

Donc le bilan est positif, même en terme de viewership. Sur les tournois en ligne on est en moyenne à 100 000 viewers uniques. Sur les événements physiques on oscille entre 200 000 et 250 000 en moyenne sur des tournois qui durent plus de deux jours. Donc sportivement, très positif. Viewership : oui, il y a un vrai intérêt de la communauté League of Legends Française pour du contenu local. Technique, mitigé.

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Maintenant il y a la LFL. Comment peut-on convertir l'intérêt du public pour l'Open Tour vers la Ligue Française ?

L'objectif n'est pas de convertir l'audience de l'Open Tour vers la LFL. Tout simplement car on va se retrouver avec deux produits très différents. On va avoir la LFL qui est une ligue professionnelle avec des équipes très structurées avec beaucoup d'encadrement et qui vont faire émerger des jeunes pour les LCS par la suite. On va avoir l'Open Tour qui est vraiment de la détection de talents avec soit des équipes qui n'ont pas été retenues dans la LFL, soit qui ont envie de jouer la compétition pour le « fun » : ça peut être des streamers ou de très bons joueurs compétitifs qui veulent émerger. On a une ligue étudiante également. Pour moi le viewer va avoir le choix entre différents produits. Si il veut soutenir une équipe en particulier comme GO ou Vitality Academy, il y aura la LFL. Si il veut soutenir les équipes de streamers, il peut aller voir l'Open Tour. Aujourd'hui ce n'est pas vraiment transférer le viewership, c'est proposer une gamme de produits très différents et derrière ce sont les viewers qui feront le choix de ce qu'ils souhaitent regarder ou non. Ce n'est pas à nous de le dire.

Au final, c'est un peu le constat d'une année complète d'Open Tour : on se rend compte que la compétition entre les professionnels et le reste, ça ne peut pas fonctionner ensemble. Le besoin de changer de format et de créer deux produits différents est donc un passage obligé ?

En terme d'intérêt pour la communauté, l'Open Tour est un format qui a très bien fonctionné. Justement parce que ce mélange entre des streamers, des amateurs et des équipes plus ou moins pros, c'est ce qui a fait la force de l'Open Tour. C'est juste que dans une logique de développement de l'écosystème esportif en France, si on veut avoir des équipes qui s'y retrouvent et qui arrivent à se développer de manière sereine, on a besoin de leur apporter plus de régularité. L'Open Tour, même si on a apporté ce besoin là, ça reste un match tous les quinze jours avec une pause en juillet/août. Honnêtement, les joueurs pros veulent s'entraîner dans un format avec des matchs toutes les semaines, face à des équipes qui ont un très bon niveau de manière régulière avec cette envie de se dépasser. Donc ce n'est pas que le format ne marchait pas, c'est juste que si on veut aller plus loin dans le développement de la scène Française, on a besoin d'avoir une compétition encore plus régulière.

On compte donc sur le futur format de l'Open Tour pour alimenter la Ligue Française en nouveaux talents. C'est l'objectif ?

Aujourd'hui, l'Open Tour va vraiment reprendre sa vocation initiale, puisque l'Open Tour c'était à l'origine l'ascension des Légendes. Pour nous, les gens qui veulent être détectés, ou au moins qui sont compétitifs dans l'âme et qui cherchent plus d'adrénaline dans une compétition, auront l'Open Tour comme opportunité. Après, tout le monde n'a pas vocation à devenir professionnel, loin de là. La scène ne peut pas supporter un nombre infini de joueurs professionnels. Par contre, c'est une possibilité d'être détecté et aussi l'occasion de se rendre compte qu'on a pas du tout le niveau pour devenir joueur professionnel (rires).

Imaginons que je suis un joueur talentueux qui a envie de progresser et un jour d'atteindre une équipe LEC, par exemple. Malheureusement, je n'ai pas d'équipe et je ne connais pas grand monde. Est-ce que l'Open Tour est fait pour moi finalement ?

Pour être franc, on a eu cette problématique sur la Ligue Étudiante, qu'on a lancé. On a dit aux joueurs : « Vous allez représenter votre école, donc il faut que vous trouviez de bons joueurs sur votre campus ou dans votre établissement. ». On a eu 570 équipes qui ont été inscrites et sur les 570, pour être tout à fait honnête c'était complètement inattendu, on en a 350 qui pourraient faire l'Open Tour. On parle de joueurs Platine V ou plus, c'est le critère de niveau pour postuler dans l'Open Tour. Donc au final, en demandant aux joueurs de s'associer au sein leurs écoles, on se retrouve avec plein d'équipes Diamant avec un très bon niveau qui se disent : « Maintenant que j'ai trouvé des copains, on va peut-être faire l'Open Tour ! ».

Il est vrai qu'à la différence de l'outil qui existe en jeu pour associer des joueurs de niveau équivalent, on ne dispose pas d'outil externe qui permette de mettre en relation des joueurs qui en cherchent d'autres pour s'entraîner. Il y a bien les forums mais c'est un petit peu compliqué. Donc on réfléchit justement à voir si on peut développer ce genre d'outil, nous, pour aider à la mise en relation des joueurs. On s'est rendu compte que c'est effectivement un des freins du LoL Open Tour pour plein de gens qui ont un très bon niveau, qui jouent avec leurs potes pour le plaisir mais qui ont des difficultés à passer à l'étape suivante. C'est une des pistes de réflexion sur laquelle on est en train de travailler.

Les LCS vont aussi devenir le LEC. Concrètement, comment la LFL et le LEC risquent d'être liées entre elles ? Y a t-il un avenir pour les joueurs de la LFL en LEC ?

Il n'y a aucun lien au niveau des équipes, dans le sens où ce sont deux compétitions bien distinctes. Pour la LFL, les deux premiers ont accès aux European Masters qui sont le plus haut nivau européen pour les équipes issues des ligues locales : les meilleurs Français, Allemands, Anglais, etc ... Par contre, ce qui est vrai, c'est que les ligues locales dont la LFL, vont aussi servir d'outil de détection pour les équipes qui jouent en LEC. Concrètement, les équipes Academy (même si le terme va disparaître) des équipes qui jouent en LEC, comme Vitality en France, seront composées de joueurs qui vont essayer de « bousculer » les joueurs de l'équipe Une. Donc il faut comprendre que les joueurs ne sont pas condamnés à une équipe en B en ligue régionale, le but est de challenger les joueurs du dessus et d'un jour prendre leur place.

League of Legends

On ne peut donc plus parler d'équipe Academy en Europe ?

En effet, chaque structure va trouver un nom pour son équipe Academy aujourd'hui. Ce seront les remplaçants qui auront vocation à atteindre le roster de la LEC. Comme dans les équipes de sport traditionnel, on parle de compétition saine entre les membres d'une même structure. C'est absolument la même logique ici, les équipes restent dans leur ligue respective mais les joueurs ont envie de progresser et d'intégrer l'équipe première.

Concernant le format de la LFL, aura-t-on une Ligue ouverte ou sera-t-elle fermée comme l'est le LEC, par exemple ?

Elle est de toute façon ouverte dans le sens où, il faut bien commencer quelque part, n'importe quelle structure peut postuler au sein de la LFL. Les critères de choix sont à la fois des critères qualitatifs : pérennité de la structure, pourquoi s'orienter vers League of Legends pour les nouveaux entrants, quelle est la structure d'encadrement des joueurs, comment ils comptent faire grandir les jeunes joueurs, etc ... Des critères sportifs aussi : Quel roster ? Quels résultats ? On va sélectionner les huit équipes de départ sur ces critères. On aura un « tournoi d'expansion » à la fin de l'année pour faire entrer deux nouvelles équipes. Le but final c'est de passer à dix équipes.

Enfin, on ne s'interdit pas à partir de 2020, au bout de deux ans, de voir des promotions/relégations pour permettre un renouvellement des équipes. Le but c'est d'assurer suffisamment de pérennité pour qu'une structure puisse se développer de manière sereine et se dire : « Je n'investis pas pour un an et je ne risque pas de perdre pas ma place, j'en ai déjà pour deux ans. «. Après deux ans on fera un état des lieux. Si toutes les structures sont canons, pourquoi pas refaire un « tournoi d'expansion » ou si jamais on voit que certaines structures sont à la traîne on fera intervenir un mécanisme de relégation. Ce n'est pas une ligue fermée, c'est qu'il faut bien sélectionner huit équipes aujourd'hui. Dire qu'on prend les huit premiers de l'Open Tour, c'est un peu dur parce que le niveau varie beaucoup. Le format ne permet pas aujourd'hui de déterminer quelles sont les huit meilleures équipes Française pouvant intégrer la LFL. Il peut aussi y avoir de nouveaux entrants qui ont envie de postuler et on ne peut pas les renvoyer à fin 2019. Le meilleur moyen d'avoir les meilleures structures, c'est sur dossier.

Donc les critères sportifs requis pour rejoindre la LFL se calquent sur ceux déjà demandés du côté de le LEC ?

Le format reste gratuit, à la différence de le LEC. Sur les dossiers de candidature, les critères se rapprochent effectivement de ceux qui ont été demandés au niveau de le LEC même si le niveau d'investissement n'est pas le même. Les critères qu'on a établit pour les équipes souhaitant postuler sont avant tout des signaux de motivation et d'envie de prendre part à la LFL. Pourquoi ? Parce qu'on revient à cette dynamique de développement de la scène esportive française et on a besoin d'équipes qui ont faim. Les huit équipes vont être évidemment concurrentes mais elles seront toutes acteurs du développement de la scène Française. Si deux équipes tiennent un discours apathique ou nonchalant, ce sont les six autres équipes qui seront pénalisées. Toutes doivent être impliquées dans un projet à développer, celui de la LFL.

Dernière question, est-ce que la Ligue Française sera Française ? Y a-t-il une obligation de résider en France pour les structures ou un quota de joueurs Français à respecter pour chacune d'entre elles ?

À date, on est sur des bases de résidence. Demain, il y a des questions qui se posent car, exemple tout bête, les équipes Academy ne sont pas basées aux mêmes endroits que les équipes mères. Les coachings staffs n'ont pas tout le monde sous la main et ça pose une difficulté dans ce souhait de voir cette compétition en interne se créer, comme je l'ai dit précédemment. Donc il n'y aura pas d'obligation de résidence, vraisemblablement. On est aujourd'hui en train de réfléchir à d'autres méthodes qui ont fait leur preuve dans d'autres sports, à savoir considérer un joueur en tant que « talent » issu du club. Donc plus une logique d'affiliation que de résidence au final. Maintenant, pour être totalement franc, je crois vraiment à l'ancrage local. C'est à dire qu'aujourd'hui c'est du digital donc on peut tout organiser de n'importe où mais je suis convaincu qui si on a une équipe basée à Bordeaux, à Marseille ou ailleurs, il y a une saveur locale et donc un engouement. C'est ton équipe. En terme de storytelling, on manque encore un peu de ça. On a des équipes qui sont très bonnes, performantes, qui ont envie mais qui en terme de narratif n'ont pas encore réussi à trouver l'histoire qu'elles avaient envie de raconter. En plus, le fait qu'il n'y ait pas d'attachement local tranche avec cet engouement qu'on peut retrouver dans les sports traditionnels : même si l'équipe n'est pas bonne, c'est mon équipe de cœur donc je la soutiens.

Après je suis content car quand on voit des finales comme GO face à Vitality Academy aujourd'hui, il y a un engouement et des supporters. Il faut maintenant renforcer ce lien, starifier les joueurs pour pouvoir s'attacher à des personnalités et aux équipes. Moi j'y crois beaucoup en tout cas.

Merci à Damien Ricci de nous avoir accorder cet entretien et d'avoir pris le temps de répondre à nos questions.

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