La guerre moderne c’est aussi et surtout une guerre des nerfs pour les développeurs. Combien de blockbusters ont vu leurs multijoueurs devenir des usines à farming pour les plus paresseux des joueurs ? Le skill ça se construit mon bon monsieur, enfin pas pour tout le monde. Le modding et le hacking sont devenus au fil des années des outils légitimes et simples d'utilisation pour les utilisateurs désireux de gagner de l’expérience rapidement. Face à cette pratique, le plus aisé pour le développeur du jeu en question, est de bannir les comptes des gamers pour lesquels les suspicions sont les plus fortes.
Souriez, vous êtes pistés. Sur internet tout se sait et plus généralement toutes les informations stockées sur vos ordinateurs et consoles de jeu sont sujettes à être analysées. Si dans certains contextes, les cheats codes font partie intégrante du développement d’un jeu, que les glitchs peuvent permettre où non certains exploits bien connus de speedrunners ou amateurs attentifs; sur le multiplayer de certaines licences, il est inenvisageable de transformer le jeu sans que le studio de développement ne puisse intervenir.
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Les patchs peuvent bien sûr réguler ou atténuer l’apparition ou l’utilisation de certains glitchs de manière répétée, car ils peuvent déséquilibrer les parties en ligne. Malgré tout, sur certains shooters, les head-glitch par exemple font partie du décor et deviennent des éléments que le joueur devra intégrer dans la méta-connaissance du jeu qu’il pratique. Si le modding a une tout autre connotation pour la scène PC (car institutionnellement sur cette scène particulière il a pu être à l’origine de la naissance de certains jeux), le hacking reste une pratique détestable aux yeux de la majorité des compétiteurs et usagers de FPS.
Pour une licence comme Halo, Microsoft explique en ces termes ce qui serait sujet au bannissement « Généralement, les joueurs sont exclus pour des démonstrations répétées de comportements offensants, de tricherie ou de jeu déloyal. Les joueurs peuvent aussi être interdits d'accéder à des contenus (sauvegardes, packs de cartes, etc.) sous licence dans un profil exclu. » Non seulement est prise en compte l’attitude du joueur, mais aussi tout comportement permettant au détenteur du jeu de gagner ses parties plus facilement. Et Ghosts n’échappe pas à la règle.
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Infinity Ward n’est pas novice en la matière, d’ailleurs le studio a connu une époque où sa licence fétiche était en proie au hacking de masse. Non seulement les parties pouvaient être hackées sur Modern Warfare 2, mais en plus le jeu avait de par son game-design poussait certains joueurs aux pratiques aussi peu glorieuses que sauvages. MW2 est le premier Call of Duty à avoir intégré un bonus de Killstreak appelé « Nuke » sur son multijoueur. Pour réaliser, littéralement une bombe nucléaire, il suffisait d’aligner un certain nombre de frags sans qu’à aucun moment la série ne soit interrompue. Une idée intéressante dans la modularité du soft et son renouvellement, mais une idée qui a aussi poussé une partie de la communauté à essayer par tous les moyens d’en obtenir le plus possible pour récupérer des emblèmes spéciaux.
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Le Nukeboosting (action permettant à plusieurs utilisateurs de se sacrifier pour donner l'occasion à l’un d’eux d’obtenir une Nuke) est devenu à l’époque de Modern Warfare 2 une véritable passion pour certains adorateurs de Call of Duty. La sphère YouTube s'empare du phénomène et commence même à faire la chasse aux déviants. À l’arrivée de Modern Warfare 3, l’épisode le plus vendu de la licence, le studio de développement américain n’a pas hésité à aller plus loin dans sa guerre contre les hackers. Les heureux gagnants pouvaient être bannis « temporairement » 13,5 années soit 5000 jours s’ils étaient pris en flagrant délit de triche.
Avec son nouvel épisode de COD, Call of Duty Ghosts, Infinity Ward n’a pas relâché la pression. La traque aux hackers est toujours d’actualité, cependant depuis quelques jours elle semble aussi faire quelques dommages collatéraux. Un utilisateur de Reddit a indiqué qu’il a vu son compte perma-ban après avoir rejoint des lobbies hébergeant des parties hackées. L’algorithme de recherche de parties classées ne faisant aucune distinction sur la qualité de la partie que le joueur peut rejoindre, n’importe qui peut débarquer dans un match complètement craqué, plutôt embêtant n'est-ce pas ? L’ennui pour ces joueurs c’est évidemment d’avoir laissé leurs traces sur les serveurs, il suffit que l’occurrence dans un laps de temps défini soit avérée pour qu’Infinity Ward passe aux mesures disciplinaires. Et les vagues de ban prennent des allures de raids punitifs aveugles.
Que faire dans le cas où justement c’est le jeu qui vous intègre automatiquement à ces parties ? C’est la question qu’a posée Gadgetqueen à Activision. La réponse de l’éditeur est claire : « Nous ne pouvons rien faire. Le deban n’est pas retroactif. C’est le studio de développement qui décide de ban ou non les clients de leurs jeux ». Une manière de botter en touche, même si l’éditeur dit « travailler sur une solution ». De plus en plus sur les forums officiels du jeu, des messages apparaissent concernant ces bannissements abusifs.
Pour l’heure Infinity Ward ne semble pas vouloir communiquer outre mesure sur les dispositions du studio à entamer le dialogue avec sa communauté. Les studios de développement étant protégés légalement par les conditions générales d'utilisation ou de ventes auxquels l'utilisateur souscrit automatiquement en achetant le produit, il est souvent malaisé d'entamer le dialogue pour les victimes de bans totalement arbitraires. La balle est dans le camp d'Infinity Ward. Les chargeurs sont pleins.
