Blackguards : Aperçu
À l'occasion de la sortie de son premier chapitre sur Steam, je vous propose un aperçu de Blackguards, un RPG occidental au tour par tour tiré de la série de jeux de rôle de L’œil noir, un cousin teutonique de Donjons et Dragons, qui bien que moins connu en France est néanmoins apprécié des connaisseurs.
Teaser de Blackguards
Type : Jeu de Rôle au tour par tour
Date de sortie : Janvier 2014
Éditeur : Daedalic Entertainment
Développeur : Daedalic Entertainment
Prix : 24,99 euros
Pegi : 16
Blackguards s'avère souvent très agréable graphiquement, même lorsque vous êtes dans un marais putride à la tête d'une bande de mecs ayant une sale tronche.
Le studio allemand Daedalic Entertainment qui nous avait dernièrement habitué à des Point & Click nous a cette fois préparé un jeu de rôle au tour par tour à l'ancienne, ce qui ne manquera pas de réjouir de nombreux rôlistes hardcore attendant toujours un Divinity Original Sin par exemple.
Le premier chapitre de Blackguards vous fera démarrer modestement en tant que simple taulard, en fuite comme souvent, et votre statut ne s'améliorera que peu, d'autant que rien ne garantit que votre héros, possiblement dérangé mentalement, soit innocent. Vos aventures pas forcement si héroïques que ça vous feront ramasser en route un nain paranoïaque et fanatique, un mage Don Juan soupçonné d'espionnage, et une demi-elfe forcément archère, mais surtout junky accro à l'herbe qui fait rêver, et dont la taille des poches sous ses yeux surpasse aisément celles de son pantalon. Nous sommes ici loin des aventures héroïques où vous vous trouvez être l'élu divin ayant l'occasion de pourfendre des dragons et des généraux ennemis en moins de deux. Vous commencerez en tuant des blattes boursouflées et les forces de l'ordre en ayant pour seul objectif de sauver votre peau.
Au moins le jeu va à l'essentiel, tous les PNJ d'une ville tiennent sur ce seul écran (vendeur, forgeron, soigneur, professeur, donneur de quête, etc.).
À l'heure où les RPG-action aux fonctionnalités et aux mécanismes assez simples comme Mass Effect sont à l'honneur, Blackguards a l'ambition de proposer un retour aux sources puisqu'il vous faudra contrôler un groupe de déchets de la société médiévale-fantastique au tour par tour, en maîtrisant des dizaines de paramètres parfois assez obscurs. Et bien que vous soyez assisté par un mini-tutoriel, il vous faudra ici tâtonner un moment, et apprendre dans la douleur comment optimiser et jouer chacun de vos personnages au fil de votre avancée dans la campagne. Vos mages deviendront pas exemple presque totalement inutiles après avoir lancé deux ou trois sorts. Cette complexité et cette difficulté de prise en main risquent fortement de rebuter ou de décourager le joueur débutant ou occasionnel ; par contre les habitués de jeux de rôles similaires, que ce soit la version sur table de L’œil Noir, ou encore les fans de Donjons et Dragons qui ont pu faire leurs armes avec Baldur's Gate et Neverwinter's Night devraient finir par s'y retrouver. Cela demandera néanmoins des trésors de patience.
Vous avez cinq pages comme celle-ci dans lesquelles vous pouvez choisir d'investir vos points comme bon vous semble,. La liberté a un prix : c'est compliqué.
Bien que le jeu ne propose que trois classes, c'est à dire guerrier, mage et chasseur, qui manient respectivement les armes de mêlée, les sorts (attaque, soin, contrôle, dissipation), et les armes à distance (ainsi qu'un peu tout le reste), les mécanismes du jeu sont assez permissifs : il est donc tout à fait possible de se concocter soi-même un mage de bataille capable d'utiliser les meilleures armes en mêlée tout en lançant des boules de feu à ses adversaires. Il vous faudra cependant faire avec les moyens du bord pendant un moment, et investir avec sagesse vos points d'aventure entre une dizaine de statistiques de base, une dizaine de maîtrises d'arme, des sorts et des talents. Il est par exemple tout à fait possible d'ignorer certaines de ces catégories pour se concentrer sur une autre. C'est inhabituel et assez rafraîchissant, mais la difficulté qui en résulte pour faire significativement progresser un personnage peut parfois s'avérer quelque peu décourageante. Comme c'est normalement le cas dans les jeux de rôle "à l'ancienne" vous ne passerez pas du statut d'apprenti à celui de champion en deux ou trois donjons. Ce sera ici le fruit de beaucoup d'aventures et d'une planification minutieuse.
Les combats de Blackguards se déroulent à chaque fois sur des cartes de taille relativement limitée, en gérant les déplacements sur une grille hexagonale. Comme dans un Xcom: Enemy Unknown, vos personnages peuvent se déplacer sur une certaine distance et effectuer une action quelconque, ou parcourir le double de distance. Le résultat des différentes actions comme une attaque, une parade, ou la réussite d'un lancer de sort (oui ils peuvent échouer, quand je vous disais que c'était old-school) sont déterminées par des jets de dés. Il vous faudra donc prendre en compte un gros facteur aléatoire qui est susceptible de complètement saborder votre plan de bataille. Ce dernier peut d’ailleurs s'avérer un peu trop présent, avec par exemple votre pauvre mage incompétent qui n'a qu'une chance sur quatre de réussir à lancer sa boule de feu, ce qui s’avère souvent extrêmement frustrant. Espérons que ce genre de petits défauts, tout comme les quelques bugs qui traînent encore seront corrigés d'ici la sortie officielle du jeu en janvier.
Il vous sera possible de retourner à volonté dans les différentes villes du jeu, cependant l'exploration libre est hors de question.
Le terrain sera aussi très souvent un facteur décisif dans vos victoires, ou au contraire vos défaites, avec par exemple un cours d'eau à traverser qui s'avère capable de faire chuter quelqu'un s'il rate son jet de dés. Vous aurez aussi régulièrement l'occasion de vous battre dans les marais lors du premier chapitre, entre les poches de gaz inflammables et les fondrières dans lesquelles vos anti-héros et vos adversaires pourront s'embourber. Pour finir il vous sera aussi possible de détruire les obstacles, et de mettre le feu aux éléments en bois ou encore à la végétation environnante. Même si les mages commencent le jeu très faibles et qu'ils semblent inutiles comparés au guerrier ou au chasseur, en les utilisant intelligemment, ils peuvent clairement vous permettre de faire la différence à terme.
Un élément important qui démarque Blackguards de la concurrence est qu'il se concentre surtout sur les combats, donc les voyages sont quasi instantanés, chaque ville tient en un ou deux écrans rassemblant tous les PNJs, et vous sautez directement d'un combat à l'autre après une petite scène narrative. Vous sautez même souvent si rapidement d'un affrontement à l'autre que vos personnages n'ont pas eu l'opportunité de récupérer le moindre point de vie ou d'énergie astrale (l'équivalent du mana). Autant dire qu'il faudra ménager très intelligemment vos forces, d'autant qu'il n'est pas possible de se reposer à volonté sans provisions, ou il vous faudra trouver une auberge. La seule grosse concession faite au genre qui est généralement punitive au final, c'est l'impossibilité d'avoir des morts définitives dans votre équipe. Du moment que vous gagnez le combat, même si c'est avec votre dernier personnage, ses coéquipiers se relèveront malgré le fait qu'ils barbotaient au fond du marais depuis cinq minutes avec une dizaine de blessures ouvertes. Probablement grâce au pouvoir de l'amitié ! Blague à part c'était probablement un choix nécessaire pour vous éviter de pulvériser votre clavier à chaque fois que votre mage rate le jet de son sort de soin.
Utilisez les éléments du décor pour bloquer vos adversaires, ou transformez leur planque en piège ardent en lançant des boules de feu dessus.
Notons aussi que, bien qu'il soit un jeu indépendant, Blackguards dispose d'une réalisation très correcte niveau graphique comme vous pouvez le voir sur les screenshots : il ne faut évidement pas s'attendre à des cinématiques dignes de ce nom, les cut-scenes étant à l'inverse assez laides, et il ne faudra pas zoomer trop près, mais les décors et les effets graphiques sont assez réussis, et largement suffisants pour nous plonger dans l'univers sombre et terne propre à ce digne morceau de RPG occidental, le tout accompagné de nombreuses musiques aussi agréables qu’entraînantes qui vous tiendront éveillé pendant que vos adversaires effectuent leurs actions.
En conclusion : Prometteur
Blackguards pourrait réussir à combler avec succès le trou béant existant dans le genre RPG au Tour par Tour. Si la durée de vie du jeu complet s'avère digne de ce nom, et que quelques ajustements sont faits afin d'équilibrer le gameplay et de régler les bugs encore présents, nous pourrions nous retrouver avec une petite perle début 2014, et ce-même si sa difficulté de prise en main et son coté très austère risquent d'en rebuter plus d'un. Rendez-vous en janvier pour le test !
