Jouissant d'un succès indécent lors de ses premières années de commercialisation, la Wii fut autant une bénédiction qu'une malédiction pour Nintendo. Amenant de nouveaux publics à s'intéresser au média jeu vidéo, elle se mit aussi les joueurs de longue date à dos avec une flopée de titres d'une médiocrité déconcertante et un parti pris "familial" aux antipodes de ce que la firme de Kyoto représentait pour eux. Revenons ensemble sur le parcours d'une des consoles les plus détestée de l'histoire.
Annonce de la Wii à l'E3 2005
Sortie en décembre 2006 sur le vieux continent, la Wii de Nintendo s'est écoulée en six ans à plus de 100 000 000 unités. Sur cette génération de machines, Nintendo avait décidé de contourner la concurrence directe avec Microsoft et Sony en faisant le pari d'une autre façon d'appréhender le jeu vidéo. Bien loin de la course technologique dans laquelle s'étaient lancés ses deux ennemis, Nintendo préféra concevoir une console à l'architecture bien plus modeste, mais proposant néanmoins un argument de taille qui allait séduire le grand public comme jamais : la reconnaissance de mouvements. Grâce à la Wiimote et au Nunchuk, la Wii promettait au joueur de s'immerger encore un peu plus dans leurs expériences vidéoludiques en reproduisant les mouvements de leurs héros préférés.
Pour couronner le tout, la firme de Kyoto avait préparé un épisode de Zelda (initialement prévu pour la Gamecube) pour le jour du lancement de la console : de quoi créer un véritable raz-de-marée. Finalement, ce fut un certain Wii Sports, vendu en bundle avec la console et permettant d'entrevoir ce qu'il était possible de faire avec la Wiimote, qui remporta tous les suffrages. Simple à appréhender, même pour quiconque n'a jamais joué à un jeu vidéo de sa vie, Wii Sports devint un véritable phénomène de société et les enfants comme les parents tombèrent sous le charme de cette console atypique.
Côté gamer, c'était déjà moins ça, avec un Red Steel d'Ubisoft à la jouabilité calamiteuse et un Zelda Twilight Princess très loin d'atteindre le génie d'Ocarina of Time ou d'A Link to the Past. Autant dire qu'avec une Xbox 360 déjà bien présente dans l'esprit des joueurs et le catalogue famélique de la machine point de vue « gros morceaux », la Wii ne tarda pas à se faire bouder par une grosse partie des joueurs « confirmés ». Et puis il y a aussi eu la déconfiture Wiimote qui n'était tout simplement pas employée correctement : ainsi les joueurs se retrouvaient plus souvent à agiter leur poignet comme des ahuris qu'à faire des gestes fidèlement retranscrits à l'écran.
On note tout de même quelques exceptions comme Dragon ball Z Tenkaïchi 3, Wario Ware Smooth Moves ou encore Zack & Wiki qui ont fait l'effort de tirer parti des capacités de la télécommande. Puis au fur et à mesure des années, la ludothèque de la machine s'agrandit, très souvent avec les déchets des éditeurs tiers, mais aussi avec quelques perles rares donnant un intérêt certain à la mal-aimée. Envieux du succès de la Wii, Sony et Microsoft se mirent eux aussi à développer leurs propres outils de motion gaming avec le Kinect pour l'un et le Playstation Move pour l'autre.
Même si cela permit aux deux entreprises de donner un second souffle à leur console et d'attirer une nouvelle clientèle dans le marché de la HD, ils ne réussirent toutefois pas à arrêter la tornade Wii. Nintendo tenta elle aussi de relancer la machine et de corriger un des plus gros défauts de sa console en proposant le Wiimotion +, censé améliorer la détection des mouvements du joueur.
L'accessoire ne servira cependant pas beaucoup et le choix des jeux en profitant se révèlera finalement assez famélique : Wii Sports Resort, Grand Chelem Tennis, Red Steel 2 et surtout Zelda Skyward Sword. On n’en a pas parlé, mais elle est tellement dispensable : la Wii Balance Board, qui contribua aussi à attirer la ménagère de moins de 50 ans à se procurer cette machine plus qu'une autre, puisqu'elle transformait la Wii en véritable coach de remise en forme personnel.
À bout de souffle et alors que la succession avait déjà été annoncée, la Wii a aussi eu le droit à une déclinaison « Mini » amputée de pas mal des fonctionnalités de la Wii basique : plus de rétrocompatibilité avec la Gamecube, plus de Wifi (de toute façon, cette fonctionnalité n'aura pas beaucoup servi). Une version low cost de la console, un bon choix pour ceux qui souhaitent découvrir la ludothèque Wii sans se ruiner.
Sur la fin de sa carrière, la machine entonna un véritable chant du cygne grâce à des productions qu'on n'attendait pas forcément et qui se révélèrent être de véritables bonnes surprises (la localisation de Xenoblade par exemple).